LES CONSEILS DE LA MÉDIATHÈQUE POUR BIEN UTILISER SON TEMPS LIBRE ….

Durant la période de confinement, la médiathèque d’Etaples sur mer, vous invite à mettre à profit votre temps libre pour découvrir quelques pépites dont elle vous conseille la lecture. Ce jeudi, Jean-Christophe Macquet, responsable de la médiathèque, vous propose une évocation d’un natif d’Etaples à l’histoire étonnante : Emile Dubois.

Louis Amédé Brihier, alias Emile Dubois est un aventurier, né à Etaples le 30 mars 1867. Son histoire est absolument incroyable et mérite d’être évoquée :

Après avoir passé une partie de sa jeunesse dans le village de Sangatte, proche de Calais, Louis Amédée Brihier aurait quitté la France à la suite d’un meurtre commis à Etaples dont on ne retrouve la trace, ni dans les archives, ni dans les journaux d’époque. Il est accusé d’avoir assassiné le père de sa petite amie et s’enfuit pour se réfugier dans la cité minière de Courrières où il fut également soupçonné d’un autre homicide.

Il embarqua au Havre pour la Colombie, comme simple matelot, et prit le pseudonyme d’Emile Dubois. Il s’installa ensuite au Vénézuela, se prétendant vétérinaire puis médecin, avant d’aller chercher fortune au Pérou. Il revint en Colombie et épousa une jeune comédienne, Ursula Morales. Le couple posa ses bagages à Bogota. Emile Dubois s’engagea comme officier dans l’armée avant de quitter une nouvelle fois la Colombie et d’entamer un périple, le long de la Cordilière des Andes, qui le mènera en Equateur, au Pérou puis au Chili à Valparaiso. Cette fois-ci, Emile Dubois se prétendra ingénieur des mines et entamera une nouvelle carrière professionnelle.

Le 15 juin 1906, Emile Dubois est arrêté par la police chilienne soupçonné d’être l’auteur d’une série de meurtres à Valparaiso mais aussi à Santiago. Le français clama son innocence et récusa même son avocat pour plaider lui même sa défense. Malgré tout, il fut condamné à mort et sera exécuté le vingt six mars mille neuf cent sept.

Sa condamnation provoqua toute une série de manifestations pour protester contre la peine capitale. Le peuple de Valparaiso qui croyait à l’innocence de Dubois sollicita sa grâce auprès du président de la république, mais sans réussite. Emile Dubois est passé par les armes. La légende précise qu’il refusa de porter un bandeau et commanda lui même le feu.

D’après une tradition religieuse très implantée dans les milieux populaires de Valparaiso, l’âme des innocents, injustement condamnés à mort, demeure sur place et devient source de miracles. Immédiatement après son enterrement, le peuple de Valparaiso se précipita sur la tombe du français pour la couvrir de cierges et l’inonder de prières. Cette situation se poursuivit alors même que le corps fut jeté, un an plus tard, à la fosse commune.

Alors qu’il est un véritable inconnu à Etaples, la ville qui l’a vu naître, Louis Amédée Brihier, alias Emile Dubois continue de faire parler de lui à Valparaiso. Il fait l’objet d’un véritable culte animiste. Des messes lui sont dédiées et des processions sont organisées, encore aujourd’hui, les mardis et les vendredis jusqu’à sa tombe. Sa vie tumultueuse a fait l’objet de nombreuses émissions à la télévision chilienne, d’un roman et même d’une pièce de théâtre. Cependant, les événements qui ont marqué son existence et qu’il a transcrits noir sur blanc à la veille d’être exécuté, sont-ils bien réels, ou bien a-t-il voulu mystifier la postérité comme il a mystifié une partie de ses contemporains ?