LA GRANDE GUERRE A ETAPLES : MEMOIRE ET EMPREINTE

Ce samedi 17 novembre 2018, le traditionnel colloque historique de la ville d’Etaples-sur-mer était organisé salle pédagogique de Mareis à l’initiative du musée Quentovic. Afin de poursuivre les commémorations célébrant la fin de la guerre 14-18 le thème choisi cette année était « La Grande Guerre à Etaples : mémoire et empreinte ». Bruno Bethouart professeur émérite des universités en histoire contemporaine présidait les débats. Il était important à la fin de cette période de commémoration de faire le point sur les connaissances acquises autour du grand camp britannique installé à Etaples pendant la seconde guerre mondiale et sur les monuments mis en place pour le souvenir. Monsieur, Philippe Fait, maire d’Etaples-sur mer et monsieur Sébastien Baillet, adjoint à la culture ont accueilli les participants et ont ouvert la journée en insistant sur leur volonté d’entretenir la mémoire. Dans un premier temps, monsieur Béthouart a présenté la dimension spirituelle du conflit. Il a rappelé que la loi de 1905 impose la séparation de l’église et de l’Etat quelques années seulement avant le début du conflit, ce qui a complètement désorganisé le clergé. Pour autant, les catholiques soutiennent complètement leur nation pendant les combats. La foi est un véritable recours pour les soldats. De nombreux prêtres sont engagés dans les tranchées et beaucoup meurent au front. Les figures féminines dans la dévotion prennent plus d’importance qu’elles en avaient : la vierge marie, Sainte Thérèse de Lisieux qui sera canonisée après le conflit. Joël Ramet archéologue est ensuite intervenu sur les vestiges du camp britannique. En effet le camp est démantelé complètement juste après la guerre et rien d’apparent (excepté le cimetière britannique) ne le rappelle aujourd’hui. Cependant les archéologues retrouvent des vestiges : soubassements en béton, candélabres, fosses circulaires réalisées pour enterrer les tentes, boites à trous (pour les conserves), d’innombrables bouteilles…. et également des souterrains. Le dernier découvert par Joël Ramet et ses collègues est un souterrain vu sur une photographie et devant lequel les amis de Quentovic avaient posé. Une inscription nommant les personnages présents sur la photo confirme qu’il s’agit bien de ce tunnel. Ce lieu est riche en inscriptions, bas reliefs ; par exemple le parcours d’un soldat y est inscrit. Il est refermé après la seconde guerre mondiale. Francois Wilmann, vice président de l’association ARRRAS a continué sur ce thème en évoquant le souterrain découvert suite à un éboulement en août 2016, avenue François Mitterand. Le souterrain est court : 50 m de long. Pourtant on distingue 4 façons de le creuser : la première est typique à tous les souterrains creusés rapidement à cette époque et de forme carrée ; la seconde n’est pas terminée, des déblais sont apparents ; la troisième et la quatrième sont plus surprenantes par temps de guerre car elles sont plus abouties, le toit est en voûte. Monsieur Wilmann soulève deux hypothèses expliquant l’existence de ce tunnel. Dans la première, le tunnel serait une école pour apprendre à creuser à des soldats qui ne connaitraient pas ce type de sol. La seconde évoque la nécessité de se protéger après les bombardements de 1918. En début d’après-midi, Douglas Gill, historien a évoqué les ravages de la grippe espagnole qui est apparue en 1918. Son nom ne provient pas de son origine mais du fait que les espagnols qui n’étaient pas en guerre pouvaient seuls en parler librement et dénombrer le nombre des victimes. Aujourd’hui certains historiens s’interrogent sur ses origines : la Chine ? le Kansas ? et peut être Etaples. Il n’est pas certain qu’une réponse puisse être donnée un jour à cette interrogation . Magalie Domain, doctorante en histoire contemporaine a ensuite évoqué les bombardements des hôpitaux en mai et juin 1918. Il est vrai que les centres de soin étaient situés à proximité des lignes de chemin de fer, ce qui en faisait une cible pour les troupes ennemies. Les bombardements des hôpitaux ont causé la mort de près de 300 victimes (soldats, blessés, médecins, infirmières…). Des précautions ont été prises ensuite : des grandes croix rouges ont été peintes sur les toits, des tranchées de protection ont été creusées pour se cacher pendant les bombardements. A la fin de la guerre, il a fallu songer à entretenir le souvenir. Marianne Steenbrugge , directrice du Musée Quentovic, est intervenue sur la construction du cimetière militaire. Les premières funérailles ont été célébrées le 13 mai 1915. Dès 1917 cinq architectes anglais dont Edouard Luytens ont été appelés pour construire les monuments funéraires. Ils choisissent de donner un élément commun à chaque cimetière : la croix du sacrifice et la pierre du souvenir. Edouard Luytens met en place un schéma dans lequel une entrée s’ouvre sur un monument ; il réalise une terrasse et décide d’une nouvelle orientation. Il souhaitait que le cimetière soit visible du chemin de fer. Enfin, Armerl Avry, archiviste de la ville d’Etaples-sur-mer a terminé cette journée en évoquant la croix de guerre et la construction du monument aux morts. La vile d’Etaples a reçu la Croix de guerre, attribuée aux villes martyres, le 12 décembre 1920. Elle avait été dessinée par Albert Bartholemy. L’objet a été perdu et symboliquement une cérémonie sera organisée le 9 décembre 2018 pour remettre à la ville une nouvelle croix de guerre. Le monument aux morts a été inauguré sur la grande place le 28/12/1924. Il a couté 32 000 F financés par la souscription, les emprunts publics. Il a été déplacé dans le cimetière de la ville en 1937.